• l'aot vaïzin des pianchettes

    par Daniel Châtelier

     Miché qui s’nommeu, ime sembe bin que jamais on l’apleu par son p’tit nom: Joseph, sa coueffe ceta Clémence, point de qeniao (heureusement). Y de’meuraient dans la mimme longère que nous autres. 2 pièces dans la maison point d’commodités,juste 4 ampoules en tout et pour tout. L’eaw éta chawffeu dans le chaudron nïe, et le fichtie cuit sur le foué. Pour chawffeu la chambre Cleumence metta de la braise dans un vieux siaw…(ce qui leur a été fatal) Point d’commodité bin sur, le sïe avant d’alleu se coucheu Micheu se chomeu sur son pas de porte et s’metta à piseu la tout simplement. La piasse éta en terre battue, devant la fouyé Micheu fendai son bois et pour boucheu le trou formé y metta inne plée; vers la fin inneu scia même pu son bois, y metta les tanas to brandis dans le fouyeu.

    Li un fenomène , je pense bin qu’il du servi de modèle à la peunette de Noëlle !

    Crassou: la couenne jamais bin raclée, les hardes toutes dégueuillées point passées au lessi, et com y chiqueu du taba, point de la carotte, la bave lui dégoulineu sur le babelot. Cette chique y la musseu dans la cachiette.

    Et son verre don, qui ne rinceu jamais avec le couvert de camembert dessus pour que les mouches ne tombent point d’ans, ian aveu épais de mimme autour.

    Pattes croches: Inne buva jamais de vin, que du cite, par contre quand le pére aita au champs, y servait grandement dans le cubi, sans nommeu les outils qui disparaisseu.

    A propos de cite, passeu le moi de mar le cite durcissai, alors mon père alla le brulé ou bin y le metta à coure dans la fosse à purot. Mon Micheu passant par là : 

    - pourquaï tu jeute ton cit’?

    - Y l’ai tout piqueu, et j’avons pien d’gnole,  repond l' père.

    - C’est gacheu, à combin tu fais le barri ?- 50 francs sat’va, mais tu te démerdes à faire le charayé !

    - Vendu !

    Le charoi a éteu fait avec un sïaw (le minne que pour tireu les vaches) en ferraille to rouillé dans son baril ni videu ni rinceu et encore moins souffreu.

    Faignant: Le fumieu des vaches eta j’té a la porte de l’écurie, point fosse à purot bin sur, le jus courra dans la cour jusqua chez nous, mon pére éta obligé de faire un coulais.Y n’ va point eteu à l’école, inne saveu ni lire ni ecrire. Y préférait musé dans la campagne. Quand y seu marieu pour ne point signeu les registres y séta bandé la main dreute. Pour cheptel 4 ou 5 vaches (que j’ai vu travailler), des poules et des iapins.

    A la saison des pouès ronds, ceta : pouè rond matin, midi et sïe; paraïe pour les pouez à rame pu tard dans la saison.  Les mercredis Desévres passeu avec son gamion pour cedeu du païsson et des fruts; Clemence ceta 2 bieus et 3 bananes to les mercredis!!

    Le dimanche Clemence alla à la messe à Big’ni, des pianchettes ertrouveu sa sœur à l’Epine par travers champs, pour passeu la journée.

    Pendant ce temps-là Micheu alla à La Paquela chercheu du pinard qui cachai derrière le four à pain. Pour ne pas fere varre qui sortai, y portai son vélo jusqu’à la route, parial pour rentreu.

    Quanq iava du monde che nous, y faisai semblant de tirer l’eaw au puit et écouteu s’qui diseu à la maison.

    Par cheu nous il est d’usage d’inviter les vaïsins pour un mariage. Comment faire pour ne pas qui viennent au notre???

    Le destin ava choisi pour nous, (voir le mode de chauffage!!!) 

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