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Les éronces
Auteur : Pascale
Tote cet’ histouère a c’mencëe qand le lapin s’ensaovi d’la caije chez le vaïzin. Y se té cutë dans les éronces de la ha enter chez li et chez ma. Dé foués, à la matinëe, je le vayë qui rouchë les haricots verts ou ben cor’ qi fesë la merienne en dessour les piants de tomates. L’aut’ jou, le vaïzin a mis son chain à coure aprë li dans mon courtil !
Je l’bourdë en li disant : " Dis à ton chain de s’en rev’ni tot de suite ! Le lapin m’a d’mandë d’êt garant de li (asile). Cé com’ qi dirait un « migrant » com qi disent mainenant !"
Le vaïzin s’en ali en romionant ben fort, son chain à ses pieds. Pendant c’temps-là, le lapin s’éta qutë dans mon garaje. Mais v’la ti pas q’il se mit en tète de r’tournë dans les éronces.
Alors j’vous l’demande Monsieur le lussier, a qi qa sont les éronces là au vaizin ou à ma ?
- Voyons, voyons, qi dit le lussier, you q’cé ti qal é la bourne du mitan ? Ah, la v’là ! Au vu de c’te piqet, la terre où qi ya les éronces é à vous.
- Merci monsieur le lussier. Jeannot, le lapin a un chez li qé chez ma asteure.
- V’lez vous bère un coup monsieur le lussier ?
- Çà s’rë pas d’refus, qi répondit.
Ma bone finme té dans la bibliothèque à bare son pisse-mémée. A li fit des minauderies. Je li servi un’ tisane à ma manière avec de la zozotte en d’dans.
- Cé de la tisane à l’erbe d’oubli qe j’li dit en le servant. Il en reprit cor deux foués.
Qand qi r’partit de chez ma, i zieuta le lapin su’ la sente. I li dit:
- Ben l’bonsouère monsieur Jeannot !
Je piquë un’ bosse de rire pendant q’le lapin s’en retournë dans sa jungle d’éronces.